Qu'est-ce qu'un test projectif ?
Les techniques projectives permettent l’étude du fonctionnement psychique individuel dans une perspective dynamique. De façon générale, elles consistent à présenter à un individu un matériel le moins structuré possible et à lui demander de le structurer à sa façon. La personne accomplira donc cette tâche en y projetant sa propre structure de personnalité. Les tests projectifs font appel à plusieurs types de fonctions mentales, telles que la perception visuelle, la perception auditive, les associations d’idées ou d’images, l’expression symbolique du dessin et de la couleur, etc.
Au cours du XXᵉ siècle, divers tests projectifs ont vu le jour et différentes méthodes d’interprétation de ces tests ont été développées. Voici un aperçu de quelques tests projectifs.
1) Le Rorschach
Hermann Rorschach (1884-1922) est né à Zurich. Il fit ses études en médecine et se spécialisa en psychiatrie par la suite. Doué pour le dessin, il s’intéressait aux expositions de peinture et surtout, aux réactions des gens face à un même tableau. En 1918, Rorschach élabora les planches de son test de taches d’encre. Au départ, il en sélectionna quinze. Toutefois, les exigences de l’imprimeur en réduiront le nombre à dix.
L’idée de faire un test de taches d’encre ne vient pas de Rorschach: d’autres auteurs avaient déjà proposé la création de ce genre de test. Toutefois, l’originalité de Rorschach est d’avoir transformé la signification des taches d’encre en test de personnalité plutôt que de le considérer comme un test d’imagination seulement. Pour ce qui est de l’administration du test de Rorschach, la consigne consiste à demander à la personne au moment de lui présenter une planche: » Qu’est-ce que cela pourrait être? ». Certaines planches sont noires, d’autres sont noires et rouges et les trois dernières sont en couleurs. La passation du test se déroule en deux temps. Une première étape consiste en l’association libre, pendant laquelle l’individu donne ses réponses de façon libre. Cette étape est suivie par une phase d’enquête des réponses données. Au fil des années, diverses méthodes d’interprétation du Rorschach ont été élaborées (Système Intégré d’Exner, R-PAS, Analyse psychodynamique du discours, etc.).

2) Le T.A.T.
Henry Murray, auteur du TAT, médecin et biochimiste, a découvert la perspective psychanalytique grâce à Jung, avec qui il commença une analyse personnelle. Par la suite, nommé directeur de la Clinique psychologique d’Harvard, il met sur pied une grande expérience destinée à valider un inventaire exhaustif des variables de la personnalité. C’est en 1935 que Morgan et Murray publièrent la première forme du Thematic Apperception Test. En 1943, Murray publia la forme définitive du test ainsi que le manuel d’application.
Actuellement, il existe quelques méthode d’administration et d’interprétation du TAT, dont celle de Murray et de Shentoub. Selon la méthode de Murray, le TAT s’administre en deux fois, pendant lesquelles vingt images différentes au total sont présentées à l’individu. La personne est alors invitée à raconter une histoire pour chaque planche. L’examinateur doit également poser certaines questions appropriées (p.ex.: s’assurer que l’histoire ait un début et une fin). L’interprétation du matériel consiste essentiellement en une analyse formelle (richesse des formulations, etc.) et en une analyse de contenu tournant autour de cinq points (analyse des thèmes, facteurs internes du héro, entourage du héro, déroulement de l’histoire, sentiments).
Quant à la méthode de Shentoub, le TAT s’administre en une fois à l’aide de certaines planches du test de Murray. La consigne proposée est « Imaginez une histoire à partir de chacune des planches ». Cette méthode base l’interprétation du TAT sur le contenu manifeste des planches et sur leur contenu latent.

3) Le C.A.T.
Élaboré par Leopold Bellak, le CAT est destiné aux enfants âgés d’environ 3 à 8 ans, pour qui le matériel du TAT semble trop difficile ou trop mature. Ainsi, le CAT comporte dix planches représentant divers animaux en situation. Bellak a utilisé des animaux plutôt que des humains puisque, selon la conception classique, la projection pour les jeunes enfants, semble s'opérer plus facilement par déplacement sur le monde animal. Quant à l’interprétation des réponses, Bellak propose l’examen du contenu manifeste et du contenu latent pour chacune des images.

4) Le Patte-Noire
S’inspirant du Blacky Pictures Test de Blum, Louis Corman a élaboré le test des Aventures de Patte Noire, un test s’adressant aux enfants. Ce test présente l’histoire du cochon Patte Noire et de sa famille. La passation du test se compose de quatre phases. Tout d’abord, on demande à l’enfant d’identifier tous les membres de la famille. Par la suite, on lui propose de regarder les planches et de choisir celles dont il a envie de raconter l’histoire. À la troisième étape, l’enfant a la possibilité de faire la différence entre les planches aimées et non aimées et d'expliciter ses choix. Enfin, on raconte à l’enfant que Patte Noire a rencontré une fée et on lui demande d'imaginer les trois souhaits qu’il lui a formulés. D’autres questions peuvent également être posées par la suite. L’originalité de cette épreuve consiste en sa méthode d’application qui se différencie d’une présentation obligatoire et ordonnée des planches. L’interprétation des réponses se base sur le contenu manifeste et latent des planches, à travers certains thèmes (agressivité, Œdipe, etc.).

5) Le M.E.D.T.S.
L’épreuve de dessins à thèmes suggérés de Meunier, ou M.E.D.T.S., est une épreuve projective de type graphique développée par M. Maurice Meunier, psychologue et ancien professeur titulaire de l’Université Laval. Le développement du M.E.D.T.S. s’est échelonné sur plus de 30 années de carrière et a comporté plusieurs versions différentes.La passation du M.E.D.T.S. comporte 8 propositions de dessins sollicitant des complexes spécifiques de représentations. Le sujet est renvoyé à ses propres structures internes et intériorisées pour organiser l’espace « potentiel » de la feuille. Le M.E.D.T.S. est donc une épreuve qu’on considère comme étant très peu structurée comparativement à des épreuves projectives impliquant la présentation de planches comme le Rorschach et le T.A.T. L’analyse de l’expression graphique implique deux axes, soit l’analyse de l’expression graphique (traitement des thèmes suggérés) et l’analyse formelle des conduites graphiques (qualité du tracé).